Non, ce n'est pas une crise passagère, mais la crise d'un système...

[AU SÉNAT] : Extrait de la Séance du 16 Février 2012

M. Dominique Watrin, rapporteur : Votre bilan, sur lequel nous ne parviendrons pas à nous mettre d'accord, est le suivant : suppression de 700 000 emplois en cinq ans et augmentation de 2 points du chômage.
Ces chiffres sont édifiants, et je comprends que vous préfériez éviter le sujet ! Quoi qu'il en soit, les Françaises et les Français ne se trompent pas !
Votre argument implicite est que Gouvernement a échoué en raison de la crise. La crise a bon dos ! (Marques d'approbation sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

Mon collègue Thierry Foucaud l'a rappelé, elle ne concerne pas tout le monde, 40 milliards d'euros de dividendes ayant été distribués aux actionnaires du CAC 40 en 2011.
Monsieur le ministre, regardons au-delà de ces cinq dernières années pour voir d'où vient la crise et pour savoir de quoi il est question lorsqu'on parle de crise. Vous le savez parfaitement, mais vous vous gardez bien de le dire, ce que nous vivons aujourd'hui est non pas une crise passagère, mais la crise d'un système.

Les courbes comparatives des rémunérations du capital et du travail depuis vingt-cinq ans sont claires : d'un côté, stagnation des salaires ; de l'autre, envolée des dividendes et des rémunérations des actionnaires !

C'est ça la crise du système et elle sera durable, effectivement, tant qu'on ne s'y attaquera pas. Or, avec vous, il faut laisser aller, il faut laisser faire.

La crise de notre économie vient d'abord de la faiblesse du pouvoir d'achat. En trente ans, la richesse produite par les salariés est allée, pour 10 % de sa masse – ce qui représente des centaines de milliards d'euros –, de la poche des salariés vers celle des actionnaires. Il ne s'agit pas d'un procès, il s'agit d'un constat, tout cela pouvant être vérifié par les Françaises et les Français.

Le deuxième grand argument que vous avancez contre cette proposition de loi, c'est qu'il ne faut surtout pas réglementer l'économie, que le texte serait idéologique.
Je note, néanmoins que vous ne cessez de réglementer les contraintes qui pèsent sur les salariés. Je pense au détricotage du droit du travail, qui a été cité tout à l'heure, aux accords de compétitivité dans l'entreprise, etc.

On ne peut pas, d'un côté, réglementer et imposer des contraintes toujours plus fortes aux salariés et aux demandeurs d'emploi et, de l'autre, laisser faire les actionnaires des grands groupes, qui imposent leur loi à l'économie !
(Applaudissements sur les travées du groupe CRC ainsi que sur plusieurs travées du groupe socialiste)

Abonnez-vous !